Acceptabilité des projets d'élevage ? Quels facteurs générateurs de conflits ? Pour quelles attentes sociétales ? Solutions ?
Le prochain projet de publication du groupe DFAM 03 a pour objectif :
-de rendre et tenir compte de la diversité des points de vue, de la multiplicité des paroles et des regards portés sur le monde rural et agricole
-de reprendre la main sur la communication et expliquer de manière « juste » l’agriculture, d'analyser objectivement les pratiques aujourd’hui remises en cause, les valeurs, l’identité agricole, remettre de la légitimité, de la dignité et du sens dans le métier de Paysan.
http://fdgeda03allier.canalblog.com/archives/2015/05/25/32118285.html
Le groupe DFAM a été contacté pour débattre des résultats d’une étude sur « les déterminants de la perception locale des projets d’élevage ». Cette étude est portée par la chambre d’agriculture de Bretagne et rentre dans le cadre d’un projet national : ACCEPT : projet bénéficiant d'un financement CASDAR et impliquant de nombreux partenaires parmi lesquels Trame.
Dans un contexte de remise en cause fréquente de l’élevage et de ses pratiques, de controverses et de positionnements extrêmes, il semblait important pour les agricultrices de l’Allier d’en finir avec ces visions binaires : paysans d’un côté, contradicteurs de l’autre, pour aller plus loin dans la compréhension de blocages ou oppositions à certains projets d’élevage.
Le débat a déjà commencé, en amont, dans notre groupe sur l’opportunité même de cette rencontre … S’agit-il d’amener du grain à moudre aux détracteurs ? ou au contraire cela nous permettra-t-il de mieux comprendre les mécanismes des mobilisations et faciliter le dialogue avec votre entourage ?!
Intervenante : Marie Laurence Grannec de la chambre d’agriculture de Bretagne Animatrice : Sophie Christophe de Trame.
Public : 35 agricultrices et agriculteurs adhérent(e)s ou non au groupe DFAM 03
1/Mettre en débat les résultats de l’étude ACCEPT sur les déterminants de la perception locale de projets d’élevages au travers de l’analyse de 15 projets par la présentation d’exemples de regards croisés et d’entretiens : éleveurs, acteurs du territoire favorable, défavorables, défenseurs ou opposants, témoins des projets d’élevage relevant des enquêtes.
Quelques constats et réflexions :[1]
-des projets similaires mais des déroulements différents selon les contextes social, territorial, agricole, environnemental, selon la nature et les personnalités et caractères des acteurs (porteur et opposants) du projet.
-Le contexte social (campagne perçue comme cadre de vie et non comme support économique).
- Une question de représentations différentes de part et d'autre (vocabulaire, concepts, clichés, images)
- Une question de confiance, de respect de chaque partie prenante.
-Facteurs favorisant l’émergence de conflits locaux : manque de communication ou communication inadaptée, manque d’intégration ou d’insertion de l’éleveur (ou de sa famille) , attitudes suscitant l’incompréhension, présence de figures emblématiques dans le cadre des contestataires, (réseaux-associations, battage médiatique), image de l’agriculture industrielle (opposition à un modèle d’élevage (raccourcis liés à la filière elle-même) antécédents conflictuels, contraintes territoriales, méconnaissance de l’agriculture, de ses contraintes, perte du capital confiance, conflits internes au monde agricole (foncier, rivalités, tensions familiales ou de voisinage, positionnement des élus, pas de positionnement et d’explication sur le bien-fondé ou la légitimité du projet, antagonismes de valeurs, d’intérêts, politiques, économiques ou sociaux.
-Facteurs limitant la survenue de conflits locaux :
Dialoguer
Favoriser la concertation locale instaurer un dialogue entre toutes les parties et acteurs du territoire, avec les riverains - réunions ciblant un public prédéfini.
Anticiper des éventuels blocages ou oppositions.
L’éleveur doit s’intégrer, présenter et expliquer son projet, anticiper, garder la main sur l’explication du projet et ne pas laisser le champ libre aux opposants ( personne ne parle à sa place)
-ne pas laisser le conflit dépasser le niveau local,
- présence de médiateur possible, attention au positionnement des élus locaux, posture neutre souhaitable. L’enquête publique laisse souvent place à des attaques d’ordre personnel.
Communiquer, ne refuser aucune sollicitation (visite de l’élevage),
S’interroger sur la perception des tiers, informer en amont, entrer en concertation, en négociation pour convaincre !
2/ Répondre à la question : Les attentes de la société vont-elles modifier les systèmes d’élevages de demain ? Si oui comment, et selon vous quel modèle d’élevage sera alors défini et « accepté » ? Oui !
Les éleveurs ont conscience qu’ils doivent prendre en compte les attentes de la société envers l’élevage
Des grandes thématiques relevées :
- l’impact environnemental, la question sanitaire, l’organisation de l’élevage et le bien-être animal, revendication de plus en plus pressante en rapport avec l’évolution du statut juridique de l’animal (débat sur la consommation de viande)
Des remarques :
-la société a banalisé l’activité de production alimentaire,
-il existe un décalage entre les représentations idylliques, nostalgiques et passéistes du rural et le métier d’éleveur et ses réalités.
-La France a besoin de ses agriculteurs.
-la qualité plutôt que la quantité
Des surprises :
- Toutes les productions peuvent génèrer des conflits mais facteurs différents !
- Un projet bio n’est pas nécessairement synonyme de non conflit.
Positionnement face aux diverses exigences sociétales
-pour certains acteurs de l’élevage : des contraintes qui rendent leur activité plus difficile et qui menacent de plus en plus la viabilité économique de leurs fermes : Exigence d'un prix rémunérateur en rapport avec les coûts de production.
-pour d’autres : vision progressiste = amélioration de la production et évolution nécessaire pour répondre aux problèmes d’acceptabilité de l’élevage par la société, facteur clé pour le développement de l’agriculture, l’attrait du métier l’installation des jeunes, et le bien-être même des éleveurs
-Conscience de la nécessité de reprendre la main, de communiquer, d’expliquer pour engendrer de nouvelles postures pour tous les protagonistes , pour rétablir la confiance entre agriculteurs et consommateurs (formations, débats, ouverture des fermes, transparence et visibilité).
Réflechir aux élevages de demain
La chambre d'agriculture de Bretagne et l'INRA ont lancé en 2014 le projet ‘’Accept’’ afin de réfléchir à l’acceptabilité des élevages par la société en France
Ferme des 1000 vaches, manifestation contre les élevages porcins, montée au créneau contre les conditions de vie des poulets : les médias se font de plus en plus le relais de ces oppositions aux projets d'élevage menés par des agriculteurs en France. Un état de fait que beaucoup d'éleveurs vivent mal. https://rcf.fr
Et l’avenir ? La vision d'une agriculture à la croisée des chemins ...[2]
*Un créneau limité à certains types d’exploitations avec le développement d’une agriculture de niche - vente et valorisation directe des produits agricoles, transformés ou non parce que et si position géographique en adéquation
*Des volontés de diversification dans le cadre direct des exploitations ou hors de celles-ci - en rapport avec des opportunités économiques, le contexte vécu par le monde agricole tenant aux difficultés rencontrées par la profession, la recherche d’une stabilité économique et de revenus en complément garantis moins fluctuants (tourisme à la ferme, production d’énergie renouvelable photovoltaïque, méthanisation
).
*Une agriculture à la fois productive et respectueuse des hommes et de l’environnement.
*Basculement ? On passerait d’une agriculture basée sur l’exploitation familiale à une agriculture avec la prise de pouvoir de détenteurs de capitaux (capital familial ou extérieur et embauche de salariés (ex : La « ferme des mille vaches » Michel Ramery, un entrepreneur du BTP est à l’initiative du projet avec embauche de salariés.) Intégration ?
*Seulement une question de prix ?! Une agriculture a deux vitesses, des produits sous signe de qualité IGP, labels etc.d'une part et d'autre part des produits plus standardisés.
*Aujourd'hui, les difficultés économiques sont présentes dans dans toutes les filières.
*En finir avec la désinformation !
*Quelle politique agricole ? Le traité transatlantique ne pénalisera-t-il pas l’agriculture française et européenne au profit des Etats-Unis ? »
[1] Tiré du powerpoint de présentation du projet Accept au groupe Dfam 03 par M.L. Grannec 14/01/2015
marie-laurence.grannec@bretagne.chambagri.fr Synthèse http://www.synagri.com/
[2] Acceptabilité__des_projets_dfam_03_Accept_Compte_rendu_14_janvier_2016 PDF à télécharger
Nous remercions et félicitons Madame Marie Laurence Grannec pour la qualité de sa présentation, son attention à exposer les faits avec neutralité, son approche objective et respectueuse de cette problématique sensible pour les éleveurs.